Présent du 11 octobre 2008
La Conférence des évêques de France s’est dotée d’un nouveau portail électronique (Eglise.catholique.fr). Après avoir acheté un nouveau, et luxueux, édifice — 15 millions d’euros —, pour y établir son siège, la Conférence des évêques de France a pu engager un budget de 120 000 euros pour remplacer son précédent site (cef.fr).
On nous dit que ce nouveau site est plus « moderne » et bénéficie d’une meilleure « qualité rédactionnelle». Il offre, notamment, un « Lexique » où l’on peut trouver des définitions, simples, des différents éléments de la foi chrétienne et de la vie dans l’Eglise.
Pour tester ce nouvel instrument de communication de l’Eglise catholique en France, j’ai entré le mot « Messe ». J’ai trouvé la très courte définition suivante : « Dans la religion catholique, appelée aussi Eucharistie, célébration du sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ présent sous les espèces du pain et du vin. L’Evêque et les prêtres sont les célébrants habituels de l’Eucharistie.»
Passons sur l’étrange « habituels » : y aurait-il d’autres « célébrants » possibles de l’Eucharistie ?
Le Catéchisme de saint Pie X enseignait aux enfants une définition plus claire de la Messe : « La sainte Messe est le sacrifice du Corps et du Sang de Jésus-Christ que le prêtre offre à Dieu sur l’autel sous les espèces du pain et du vin, en mémoire et renouvellement du sacrifice de la Croix.»
Pour le portail de la Conférence des évêques de France (au mot «sacrifice »), « l’unique sacrifice du Christ [est] rappelé dans chaque Eucharistie ». Simplement « rappelé» ou « renouvelé » par le ministère du prêtre ? C’est la doctrine de la messe qui est changée selon les mots qu’on emploie pour la définir. On ne cherchera pas, dans le « Lexique » de la foi chrétienne proposé par les évêques de France, les mots «propitiation » ou « satisfaction pour nos péchés ».
Dans une autre rubrique du portail, « Foi et vie chrétienne », on trouve une présentation plus développée des sacrements. Les pages sur l’Eucharistie sont, elles aussi, faiblardes ou déficientes. Faiblardes,parce qu’on aurait aimé y trouver, dans la partie «Eclairage », quelques grands textes patristiques ou théologiques. Au lieu de quoi on lit la réflexion d’un professeur à l’Institut catholique de Paris sur « Eucharistie et partage », c’est-à-dire « le rapport entre le rite et l’éthique ».
Mais ces pages sur l’Eucharistie sont surtout déficientes par les nouvelles définitions de la messe qui y sont données : «L’Eucharistie, ou la messe, est un rappel de la dernière Cène, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. » On nous a dit juste avant : « C’est une actualisation de la Pâque et non pas sa répétition ou son simple souvenir. »
Que comprendra le simple fidèle à ce salmigondis ? Que retiendra-t-il ? La messe n’est pas un « souvenir » mais un «rappel ». Quelle est la différence? La messe n’est pas la «répétition » du sacrifice du Christ,mais son « actualisation » dit le portail des évêques. Pourquoi ne pas s’en tenir aux définitions classiques et aux mots traditionnels mémoire et renouvellement non sanglant ?
On pourra objecter que les pages épiscopales sur l’Eucharistie renvoient, dans une « fenêtre », au Catéchisme de l’Eglise catholique. Ouvrons cette fenêtre. On n’y trouve que la première des sept parties du CEC sur le sujet, celle qui parle en termes plus généraux de l’Eucharistie. Soit seulement quatre paragraphes (§1324 à §1327) sur la centaine que le CEC contient sur l’Eucharistie (§1322 à §1419).
En ouvrant le portail épiscopal, on ne trouve donc pas les définitions du CEC sur la messe comme sacrifice offert par le Christ « par le ministère des prêtres », « en réparation des péchés des vivants et des défunts et pour obtenir de Dieu des bienfaits spirituels ou temporels ».
Le CEC, bien sûr, définit clairement le mystère qui s’opère par les paroles du prêtre : « Par la consécration s’opère la transsubstantiation du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ. Sous les espèces consacrées du pain et du vin, le Christ Lui-même, vivant et glorieux, est présent de manière vraie, réelle et substantielle, son Corps et son Sang, avec son âme et sa divinité » (§ 1413).
Le lexique du portail de la Conférence des évêques de France comporte, lui aussi, une définition du mot «Transsubstantiation », mais en ajoutant : « Aujourd’hui, les catholiques préfèrent utiliser l’expression “présence réelle” ».
Oui, l’expression est plus simple, mais la doctrine y est moins précisément définie. Les protestants luthériens, eux aussi, parlent de « présence réelle » (« le vrai corps et le vrai sang du Christ sont, en toute vérité, présents dans la Cène sous les espèces du pain et du vin » art. X de la Confession d’Augsbourg, 1530). Mais cette « présence réelle » des protestants n’est pas la « présence réelle » des catholiques.
La Conférence des évêques de France, dans son nouveau portail électronique, n’est pas sortie du minimalisme qui conduit souvent à l’équivoque.
On nous dit que ce nouveau site est plus « moderne » et bénéficie d’une meilleure « qualité rédactionnelle». Il offre, notamment, un « Lexique » où l’on peut trouver des définitions, simples, des différents éléments de la foi chrétienne et de la vie dans l’Eglise.
Pour tester ce nouvel instrument de communication de l’Eglise catholique en France, j’ai entré le mot « Messe ». J’ai trouvé la très courte définition suivante : « Dans la religion catholique, appelée aussi Eucharistie, célébration du sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ présent sous les espèces du pain et du vin. L’Evêque et les prêtres sont les célébrants habituels de l’Eucharistie.»
Passons sur l’étrange « habituels » : y aurait-il d’autres « célébrants » possibles de l’Eucharistie ?
Le Catéchisme de saint Pie X enseignait aux enfants une définition plus claire de la Messe : « La sainte Messe est le sacrifice du Corps et du Sang de Jésus-Christ que le prêtre offre à Dieu sur l’autel sous les espèces du pain et du vin, en mémoire et renouvellement du sacrifice de la Croix.»
Pour le portail de la Conférence des évêques de France (au mot «sacrifice »), « l’unique sacrifice du Christ [est] rappelé dans chaque Eucharistie ». Simplement « rappelé» ou « renouvelé » par le ministère du prêtre ? C’est la doctrine de la messe qui est changée selon les mots qu’on emploie pour la définir. On ne cherchera pas, dans le « Lexique » de la foi chrétienne proposé par les évêques de France, les mots «propitiation » ou « satisfaction pour nos péchés ».
Dans une autre rubrique du portail, « Foi et vie chrétienne », on trouve une présentation plus développée des sacrements. Les pages sur l’Eucharistie sont, elles aussi, faiblardes ou déficientes. Faiblardes,parce qu’on aurait aimé y trouver, dans la partie «Eclairage », quelques grands textes patristiques ou théologiques. Au lieu de quoi on lit la réflexion d’un professeur à l’Institut catholique de Paris sur « Eucharistie et partage », c’est-à-dire « le rapport entre le rite et l’éthique ».
Mais ces pages sur l’Eucharistie sont surtout déficientes par les nouvelles définitions de la messe qui y sont données : «L’Eucharistie, ou la messe, est un rappel de la dernière Cène, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. » On nous a dit juste avant : « C’est une actualisation de la Pâque et non pas sa répétition ou son simple souvenir. »
Que comprendra le simple fidèle à ce salmigondis ? Que retiendra-t-il ? La messe n’est pas un « souvenir » mais un «rappel ». Quelle est la différence? La messe n’est pas la «répétition » du sacrifice du Christ,mais son « actualisation » dit le portail des évêques. Pourquoi ne pas s’en tenir aux définitions classiques et aux mots traditionnels mémoire et renouvellement non sanglant ?
On pourra objecter que les pages épiscopales sur l’Eucharistie renvoient, dans une « fenêtre », au Catéchisme de l’Eglise catholique. Ouvrons cette fenêtre. On n’y trouve que la première des sept parties du CEC sur le sujet, celle qui parle en termes plus généraux de l’Eucharistie. Soit seulement quatre paragraphes (§1324 à §1327) sur la centaine que le CEC contient sur l’Eucharistie (§1322 à §1419).
En ouvrant le portail épiscopal, on ne trouve donc pas les définitions du CEC sur la messe comme sacrifice offert par le Christ « par le ministère des prêtres », « en réparation des péchés des vivants et des défunts et pour obtenir de Dieu des bienfaits spirituels ou temporels ».
Le CEC, bien sûr, définit clairement le mystère qui s’opère par les paroles du prêtre : « Par la consécration s’opère la transsubstantiation du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ. Sous les espèces consacrées du pain et du vin, le Christ Lui-même, vivant et glorieux, est présent de manière vraie, réelle et substantielle, son Corps et son Sang, avec son âme et sa divinité » (§ 1413).
Le lexique du portail de la Conférence des évêques de France comporte, lui aussi, une définition du mot «Transsubstantiation », mais en ajoutant : « Aujourd’hui, les catholiques préfèrent utiliser l’expression “présence réelle” ».
Oui, l’expression est plus simple, mais la doctrine y est moins précisément définie. Les protestants luthériens, eux aussi, parlent de « présence réelle » (« le vrai corps et le vrai sang du Christ sont, en toute vérité, présents dans la Cène sous les espèces du pain et du vin » art. X de la Confession d’Augsbourg, 1530). Mais cette « présence réelle » des protestants n’est pas la « présence réelle » des catholiques.
La Conférence des évêques de France, dans son nouveau portail électronique, n’est pas sortie du minimalisme qui conduit souvent à l’équivoque.
----------
Yves Chiron