samedi 13 décembre 2008

[Présent] Le blanc manteau des mosquées

Article d'Yves Chiron - Présent - 13 décembre 2008

En 1900, il n’existait aucune mosquée en France métropolitaine. La première sera la Grande Mosquée de Paris inaugurée en 1926. Ces vingt dernières années, le nombre des mosquées et lieux de culte a été multiplié par quatre en France. Aujourd’hui, il y aurait entre 1500 et 2000 édifices de culte musulman ou salles de prières. Le chiffre est imprécis parce qu’il y a des salles de prières temporaires ou improvisées.

Désormais, « les mosquées s’inscrivent dans le paysage des villes françaises » nous dit un article du Monde consacré à la grande mosquée qui vient d’être inaugurée à Créteil. Deux cents projets de mosquée sont en cours. Après l’inauguration de la Grande mosquée de Lyon, en 1994, d’autres grandes villes vont se doter dans les années à venir d’un grand lieu de culte musulman : Marseille, Strasbourg, Nantes, Tours. Les villes moyennes ne sont pas en reste. Une ville comme Châteauroux (moins de 50.000 habitants) a installé une grande mosquée, avec minaret, au milieu d’un quartier HLM qui a été totalement rénové.

Quand on dit « installé », ce n’est pas par un glissement de langage. Sans l’accord des communes concernées, il ne peut y avoir construction de mosquées ; ce sont les autorités municipales qui délivrent les permis de construire et apportent une aide financière.

Le maire socialiste de Créteil, Laurent Cathala, non seulement a trouvé un terrain constructible pour la nouvelle mosquée érigée dans sa ville –– terrain qu’il loue par un bail emphytéotique dérisoire — mais il a accordé une aide d’un million d’euros pour la construction et il versera une subvention annuelle de 100.000 euros pour son fonctionnement.

Tout cela contredit la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 qui stipule que « la République ne subventionne aucun culte ». Laurent Cathala le reconnaît lui-même : « On est dans l’hypocrisie ». Les différentes largesses financières consenties par la municipalité de Créteil au culte musulman l’ont été au titre des « activités culturelles » pratiquées dans des bâtiments qui jouxtent la mosquée (librairie, salon de thé, hammam).

Au XIe siècle, devant l’efflorescence des édifices romans, le moine bourguignon Raoul Glaber, dans sa Chronique, a parlé, dans une formule devenue célèbre, de « la terre qui se couvre d’un blanc manteau d’églises ». Aujourd’hui, en France, devant les 200 mosquées supplémentaires qui vont surgir de terre, on pourrait reprendre la formule en changeant un seul mot.

L’église Saint-François-de-Sales à Rouen

La disproportion est grande entre la foisonnante floraison musulmane et la rareté des fleurs catholiques. La dernière église construite en France l’a été par la Fraternité saint Pie X, elle est située au centre-ville de Rouen et elle est dédiée à saint François de Sales.

La première pierre en avait été posée en décembre 2005. Moins de trois ans plus tard, Mgr Tissier de Mallerais est venu bénir l’édifice. C’était le 22 novembre dernier. Là il n’y a pas eu de subvention municipale, le principe de « séparation » de l’Eglise et de l’Etat a été strictement appliqué. Seuls le zèle de l’abbé Camper, les sacrifices et la générosité des fidèles ont permis cette construction rapide.

Le grand quotidien régional Paris-Normandie a salué l’événement par un article en pleine page, très bienveillant. Ras le Front, « Réseau de lutte contre le fascisme », s’en est étranglé d’indignation et a publié un communiqué pour dénoncer les supposés liens entre la FSSPX et l’extrême-droite.

Le site de la Fraternité Saint-Pie X, qui, à juste titre, ne rapporte pas cette polémique —imbécile — se laisse aller à une exagération en parlant de « l’Eglise catholique en France où il n’est question partout que de fermeture, d’abandon et de démolition de nos clochers ». Cette vue des choses est injuste. Certes, la dernière cathédrale construite en France a été celle d’Evry, dont la dédicace a eu lieu en 1997, et, depuis cette date, peu d’églises ont été construites en France.

Mais, il n’y a pas qu’ « abandon » et « démolition ». Il y a aussi des reconstructions, des réhabilitations, des agrandissements d’églises. Les Chantiers du Cardinal – l’association ecclésiastique qui coordonne les travaux dans les églises du diocèse de Paris et de trois départements environnants (92, 93 et 94) – recense 40 chantiers en cours de réalisation ou de projet.

Yves Chiron