samedi 7 février 2009

[Présent] Pour lire et connaître sainte Thérèse d’Avila - 7 février 2009

[Présent] Pour lire et connaître sainte Thérèse d’Avila - 7 février 2009

Les Editions Monte Carmelo, à Burgos, avaient publié en 2000 un Dictionnaire tout entier consacré à sainte Thérèse d’Avila. Il est traduit aujourd’hui, dans un beau volume rouge (700 pages sur deux colonnes). Il est l’œuvre de spécialistes espagnols de saint Thérèse d’Avila, sous la direction du P. Tomas Alvarez, carme déchaux, ancien professeur au Teresianum de Rome.

Ce Dictionnaire, en quelque 200 entrées, est à la fois biographique, historique, doctrinal et spirituel. Ce n’est pas un ouvrage d’érudition, qui n’intéresserait guère que les spécialistes. Il a pour ambition, tout en étant rigoureux, « de faciliter à tout lecteur, même sans connaissances préalables, l’accès à la pensée de la Sainte, en le familiarisant avec son expérience et sa leçon spirituelle ».

La notice consacrée à la vie de sainte Thérèse est assez développée et dit l’essentiel d’un itinéraire spirituel en trois étapes : vingt ans de vie en famille (1515-1535), vingt-sept ans de vie carmélite au couvent de l’Incarnation d’Avila (1535-1562), vingt autres années pour sa vie de fondatrice (1562-1582). La troisième étape est la conséquence d’une entrée dans la vie mystique. C’est aussi l’époque où sainte Thérèse écrit ses grands ouvrages, qui lui ont valu d’être nommée Docteur de l’Eglise par Paul VI, et où ses fondations de carmels « réformés » l’obligent à des voyages nombreux « à travers la Castille, la Manche, l’Andalousie, à pied, à dos de mule, en chariot. »

Mais, comme tout fondateur, sa vie ne peut se résumer en une liste de dates et d’initiatives. C’est l’esprit qui a présidé à ses fondations et plus encore la vie de son âme qui, finalement, importent et sont admirables. À la fin de sa vie, sainte Thérèse aspirait à la vraie vie : « Mort où l’on gagne la vie/ne tarde pas puisque je t’attends » écrit-elle dans un poème.

Même si un certain nombre de notices sont consacrées aux auteurs qui ont marqué sainte Thérèse (Ludolphe le Chartreux, par exemple, dont la lecture fut déterminante aussi dans la conversion de saint Ignace de Loyola) et à certains religieux et religieuses de son entourage (Anne de Jésus, Anne de Saint-Barthélémy, le dominicain Domingo Bañez et d’autres), les notices les plus nombreuses sont celles consacrées à la doctrine et à la spiritualité de sainte Thérèse d’Avila.

Bien sûr, un très long article (plus de vingt colonnes) est consacré aux visions, une des grâces mystiques dont a bénéficié la sainte. Elle distinguait trois sortes de visions, selon leur mode de perception : corporelles, visuelles et intellectuelles. On peut aussi les classer selon leur objet : le Christ, la Sainte Trinité, l’Eucharistie … Plus important est de mesurer les effets des visions dans la vie de sainte Thérèse. Elle le dira elle-même à ses religieuses : « je veux néanmoins vous le répéter ici, de crainte que l’une d’entre vous ne vienne à s’imaginer que le dessein de Dieu soit uniquement de leur faire goûter ses délices. Ce serait une grande erreur… aussi, j’en suis absolument convaincue, et je l’ai dit quelquefois, ces grâces sont destinées à fortifier notre faiblesse et à nous rendre capables de supporter de grandes souffrances. »

Les visions et autres grâces mystiques extraordinaires ne sont pas des signes de sainteté, ce sont des grâces de Dieu, qu’il ne faut ni désirer ni demander. Les signes de sainteté, dit sainte Thérèse, sont les vertus et il faut travailler à les acquérir.

La vertu de Foi

La foi, vertu théologale, est une réponse à la révélation de Dieu et donne son sens à la vie, la nôtre et celle du monde. La foi permet de comprendre « la vérité du monde », dit sainte Thérèse. La foi est une connaissance qui doit être nourrie : « Pour l’âme spirituelle qui n’aura pas été formée dans les débuts, au sein de la vérité, j’aimerais mieux, quant à moi, qu’elle soit sans oraison. La doctrine est une grande chose ; elle instruit, éclaire les ignorants comme nous. Une fois appuyés sur les vérités de la Sainte Ecriture, nous sommes sûrs de marcher droit. »

La foi se nourrit aussi par la rencontre personnelle avec Dieu, dans l’oraison. Sainte Thérèse définit l’oraison comme un « entretien d’amitié » ou comme « une amitié intime, un entretien fréquent, seul à seul, avec Celui dont nous nous savons aimés ». Ces expressions, ou des expressions semblables, se rencontrent chez toutes les grandes âmes de prière. La méditation devient relation. Dans le Chemin de perfection, sainte Thérèse écrira avec hardiesse : « Traitez avec Dieu comme avec un père, comme avec un frère, comme avec un maître, comme avec un époux, choisissant tantôt l’une, tantôt l’autre de ces qualités… ».

Yves Chiron
----------
Dictionnaire sainte Thérèse d’Avila, Cerf, 701 pages.