Les rares enfants de France qui apprennent encore le catéchisme traditionnel connaissent le premier des cinq commandements de l’Eglise : « Entends la Messe les dimanche et autres fêtes de précepte ». Ce commandement est la conséquence logique, chrétienne, du troisième précepte du Décalogue : « Souviens-toi de sanctifier les fêtes. »
Le gouvernement qui veut faire voter une loi pour « libéraliser » le travail le dimanche a oublié ces commandements. Les quelques rares députés de la majorité présidentielle qui expriment leur désaccord avec ce projet de loi n’osent pas se référer à ces commandements et n’osent employer le mot de « messe » ou de « Jour du Seigneur ».
Le Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique, promulgué par Benoît XVI et destiné aux catéchistes, aux parents ou aux chrétiens déjà instruits, rappelle ces commandements et les explicite (notamment par les réponses aux questions 432, 453 et 454). Le dimanche, « premier jour de la semaine » (Mc 16, 2), est le Jour du Seigneur, « qui, dans sa Pâque, porte à son achèvement le sabbat juif et annonce le repos éternel de l’homme en Dieu ». Le Compendium donne aussi les raisons sociales d’une « reconnaissance civile du dimanche comme jour festif » : « Pour que soit donnée à tous la possibilité effective de jouir d’un repos suffisant et d’un temps libre permettant de cultiver la vie religieuse, familiale, culturelle et sociale ; de disposer d’un temps propice à la méditation, à la réflexion, au silence et à l’étude ; de se consacrer aux bonnes œuvres, en particulier au profit des malades et des personnes âgées. »
C’est la faiblesse humaine qui a obligé Dieu, dans le Décalogue, et l’Eglise, dans ses cinq commandements, à rappeler la nécessité de sanctifier les jours consacrés au Seigneur. D’autres rappels surnaturels ont été faits par l’intermédiaire de la Vierge Marie en certaines de ses apparitions.
Sur la longue durée, il y a eu deux étapes dans la contestation des jours consacrés à Dieu. À partir de la Réforme protestante, au nom du Deo solo, on ne célèbre plus les fêtes des saints et les fêtes de la Vierge. La Vierge Marie intervient, à plusieurs reprises, maternellement. Le 25 mars 1649, en sa fête de l’Annonciation, elle se manifeste à un paysan protestant du Dauphiné qui travaille ce jour-là, bien que ce soit jour de fête chômée dans tout le royaume. Elle se manifeste par le miracle d’un osier qui saigne puis, elle reviendra, dans une apparition, pour convertir le paysan protestant. C’est l’origine du sanctuaire de Notre-Dame-de-l’Osier, près de Vinay.
« Vous serez heureux le dimanche en famille »
La deuxième étape de la contestation des jours consacrés à Dieu intervient à partir de la Révolution. Le calendrier républicain fait disparaître le dimanche en instituant des semaines de dix jours. Il ne sera en vigueur que pendant quelques années, mais la mort civile du dimanche durera tout au long du XIXe siècle ; ce n’est qu’au début du siècle suivant, en 1906, qu’une loi instituera le repos hebdomadaire dominical.
Durant tout le XIXe siècle, en France, mais aussi à l’étranger, la Vierge Marie apparaît pour rappeler l’obligation de sanctifier le dimanche. À La Salette (1846), elle déplore que « le septième jour » ne soit plus réservé à Dieu et l’habitude des blasphèmes.
À Porzus (1855), en Italie, elle apparaît à une petite fille que sa mère a envoyée ramasser de l’herbe. C’est un dimanche qui est aussi, cette année-là, fête de la Nativité de la Vierge. Notre-Dame apparaît pour transmettre un message : « On ne doit pas travailler les jours de fête ! […] Dis à tous de sanctifier le jour du Seigneur et de ne pas blasphémer, parce que en faisant cela ils offensent mon Fils et blessent mon cœur maternel. De plus je désire que soient observés les jeûnes et les vigiles. »
À Saint-Bauzille-de-la-Sylve (1873), dans le Midi viticole, autre apparition reconnue par l’Eglise, la Vierge Marie se manifeste, un dimanche encore, à un vigneron qui travaillait dans sa vigne depuis plusieurs heures. Elle vient demander de ne pas abandonner les pèlerinages locaux et, lors d’une deuxième et dernière apparition, un mois plus tard, elle a ces paroles de sollicitude maternelle :
Il ne faut pas travailler le dimanche.
Heureux celui qui croira, malheureux celui qui ne croira pas.
Il faut aller à Notre-Dame-de-Gignac en procession.
Vous serez heureux avec toute la famille.
À Saint-Bauzille, un sanctuaire a été construit sous le vocable de Notre-Dame du Dimanche.
Le rappels célestes sont simples : le dimanche est le jour du culte rendu à Dieu, du détachement des soucis et des peines de tous les jours et ainsi du bonheur de se retrouver en famille.
Yves Chiron